Les clochers comtois
La première chose que l’on remarque en sillonnant le Doubs, ce sont ses curieux clochers. La plupart des églises et certains temples se coiffent en effet de dômes à l’impériale qu’habillent de chatoyantes tuiles vernissées disposées en losanges, en chevrons, en damiers… ou, dans le Haut-Doubs, de fer blanc, matériau plus adapté à supporter la neige. Hormis leurs clochers singuliers, la majorité des lieux de culte doubiens joue la carte de la discrétion, question architecture. Dans les villes ou au coeur des villages, en plaine ou en montagne, ceints d’habitations ou isolés, ils ne laissent généralement pas supposer les richesses qu’ils abritent, des richesses de toutes époques.
Ainsi, la fin du XVIIe et le XVIIIe siècles y ont par exemple laissé en héritage de somptueux maîtres-autels retables baroquisants. L’or et le faux-marbre s’y conjuguent magnifiant le bois qui les constitue. Anges, angelots, séraphins s’invitent aux côtés de Dieu le père, du Christ, de la Vierge et des saints pour former de véritables leçons de catéchisme, jadis destinées à instruire les fidèles tout en leur donnant une vision sereine et accueillante du paradis. De tels retables se découvrent notamment dans le Haut-Doubs, non loin de Pontarlier, à Bannans et Goux-les-Usiers, La Cluse-et-Mijoux, Les Hôpitaux-Vieux, Montperreux..., où oeuvra l’habile menuisier sculpteur local Augustin Fauconnet.
Les vitraux
Plus proche de nous, la seconde moitié du XXe siècle a doté diverses églises de verrières, dont plusieurs se distinguent par leur histoire et leurs créateurs. On ne saurait visiter le Doubs sans faire étape dans l’église rurale des Bréseux pour laquelle, de 1948 à 1950, le peintre Alfred Manessier créa les sept premiers vitraux non-figuratifs installés en France dans un lieu de culte ancien. Manessier travailla à nouveau pour le Doubs dans les années 1970, réalisant des vitraux abstraits pour l’église Saint-Bénigne de Pontarlier.
D’autres verrières de grande qualité sont aussi à admirer dans l’église du Sacré-Coeur d’Audincourt, dans le Pays de Montbéliard. Là, le contexte est quelque peu différent puisque celles-ci furent posées dans les années 1950 de concert avec la construction du bâtiment. Pour cet édifice mêlant pierres et béton, Fernand Léger signa dix-sept vitraux qui déroulent la Passion du Christ tout autour de la nef et du choeur. Jean Bazaine et Jean Le Moal sont quant à eux respectivement les auteurs des vitraux du baptistère et de la crypte.
L'abbaye de Montbenoît
Vêtu de son armure, le sire de Joux chevauche son destrier, perché à jamais sur le fronton de l’imposante tour-clocher de l’abbaye de Montbenoît. C’est à lui que l’on doit, au XIIe siècle, la fondation de cette abbaye sur ses terres, à une poignée de kilomètres de son château de Joux. Le temps a passé, les Sires de Joux ont depuis belle lurette quitté ce territoire, le monastère fut supprimé au XVIIIe siècle mais l’abbaye, elle, est toujours là. Combinant des éléments architecturaux de diverses époques, celle-ci laisse notamment découvrir son cloître, bâti au XIIe siècle et modifié au XVe siècle, aux chapiteaux tous différents évoquant la création du monde végétal et animal.
L’église contiguë abrite de remarquables stalles en bois sculpté, datant de 1527 et fourmillant de détails : scènes de la Bible, personnages aux attitudes saugrenues, têtes d’hommes ou d’animaux, profils encadrés d’arabesques, dragons…
Dans le choeur, il ne faut pas oublier d’élever le regard pour admirer d’autres témoignages des aménagements de l’abbatiale au XVIe siècle à l’initiative de l’abbé Ferry Carondelet : le buste de marbre de celui-ci semblant surgir d’un mur, la superbe voûte de style gothique flamboyant au décor peint ou encore une seconde figure équestre du sire de Joux.
Grotte sacrée
Située entre Montbenoît et Morteau, la grotte de Remonot, qui abrite une source, n’est pas une grotte comme les autres. Lieu de pélerinages, elle est une chapelle consacrée à la Vierge Marie.
L'église du Sacré-Coeur à Audincourt
Qui penserait qu’il suffit de pousser la porte d’une église du Pays de Montbéliard pour pouvoir admirer des oeuvres de Fernand Léger ? En l’occurrence, celle du Sacré-Coeur à Audincourt. Construit dans les années 1950 par l’architecte Maurice Novarina, ce lieu de culte déroule dans sa nef et son choeur dix-sept vitraux de ce célèbre peintre. Celui-ci y raconte symboliquement la Passion du Christ dans des tons francs rouge sang, turquoise, violet, jaune d’or, orange, bleu clair et blanc. Chaque scène est identifiable par les objets figurés : chaînes, dés, glaives, agneau, lance, croix, clous et tenailles, coupes, éponge, couronne d’épines… De Fernand Léger également, la tapisserie qui habille le mur de l’autel. Sur un fond écru et grège, de grands dessins noirs de blé, de poissons et de grappes de raisins évoquent l’Eucharistie.
Le Sacré-Coeur d’Audincourt recèle en outre des vitraux abstraits de Jean Le Moal dans la crypte et de Jean Bazaine dans le baptistère. Ce dernier est aussi l’auteur de la mosaïque qui court sur la façade de l’édifice. Accueillant sous le porche le fidèle comme le visiteur, celle-ci traite de l’eau et du feu en de vives tonalités.
- Eglise du Sacré-Coeur
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3 Rue du Pauvrement
25400 AUDINCOURT - 09 67 10 40 46
Le plus vieux temple luthérien
Les temples, très présents dans le pays de Montbéliard, autrefois principauté wurtembergeoise protestante, affichent en revanche une grande sobriété intérieure comme extérieure. Mais à l’instar de nombre d’églises du département, certains arborent des clochers comtois.
Quant au temple Saint-Martin qui trône au coeur de Montbéliard, il mérite largement le coup d’oeil. Élevé de 1601 à 1604 par le Wurtembergeois Heinrich Schickhardt, il est le plus vieil édifice français conservé affecté au culte luthérien et témoigne de l’architecture de la renaissance germanique, inspirée de l’Italie.
Temple saint-martin à montbéliard#clochercomtois
Quand Instagram s'émerveille de la beauté des clochers comtois...
Horloge astronomique
Elle est l’oeuvre de l’illustre horloger Auguste-Lucien Vérité qui a aussi conçu celles des cathédrales de Strasbourg en 1842 et de sa ville de Beauvais en 1868. L’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean à Besançon date des années 1858-1860. Coiffé par vingt-et-un automates qui s’animent à 12 et 15 heures pour mimer la résurrection du Christ et sa mise au tombeau, son tableau de bois noir et or comporte une ribambelle de cadrans. Ceux-ci marquent les heures et les jours, les semaines et leurs planètes, les mois et les signes du zodiaque, les saisons et les années. Mais pas seulement !
En tout, l’horloge astronomique livre cent vingt-deux indications très diverses, telles que la durée du jour et de la nuit, les levers et les couchers du soleil et ceux de la lune au méridien de Besançon, l’équation du temps, les éléments du comput ecclésiastique, les heures des principaux points du globe ou encore les marées. Recelant plus de trente mille pièces et onze mouvements, ce chef-d’oeuvre de précision mécanique et astronomique, abrité dans la salle située au pied du clocher de la cathédrale, donne l’heure aux quatre cadrans situés sur chaque face de sa tour, ainsi qu’à un cinquième placé à l’intérieur de l’édifice.